Poèsies-Trotsky

ok le changement ça fait du bien mais sinon ton poème est bien !!!!!

Je m'en doutais (non, je plaisante!). J'espère que les examinateurs du concours de la résistance seront du même avis!

oui j'espère pour toi !!!

C'est drôle: je n'arrive pas à trouver de thèmes joyeux pour mes poésies...aurais-je un esprit macabre? Toujours qu'ici, après des lyrismes sur l'affaire Merah et Auschwitz je pleure un peu sur les beaux et misérables temps de l'épopée révolutionnaire russe...J'ai emprunté le titre à Heredia ; qu'il consente donc que j'écrive:

LES CONQUERANTS

À Heredia rêveur désillusionné, à Kessel à qui l'on vola son passé

C'était le temps des hivers froides
Des cadenas pesants barrant les portes
Où l'on trouvait des corps roides
Epaves d'une guerre et d'amours mortes

Les ultimes charges chevaleresques
S'engluaient dans des marais pourrissants,
Le temps des chars d'acier, noires tarasques
Des lourds trains blindés sillonnant l'Orient

C'était le temps à Leningrad du drapeau rouge
Quand les esprits s'éveillaient dans l'orage
Tous dans leur âme rêvaient d'espérer encore

C'était le temps du tsar songeur pleurant sa mort
On marchait vers l'avenir suivant les fanfares
Et la vie gonflait nos veines de joies barbares.

oui, en effet ce n'est pas très joyeux mais bien écrit !!

Merci, merci bien. Je me demandes si je n'aurais pas intérêt à faire une petite révolution pour jouir des "joies barbares"...

des joies barbares ? c'est à dire ??

Je n'en sais rien, mais ça sonne bien. C'est le plaisir de vivre en sauvage ou en homme, à sa convenance, d'écouter ou de refuser d'écouter, de dire oui et de dire non, de prendre les armes pour une belle cause, de mourir pour des mots, bref, c'est le plaisir d'être libre et de nier le Destin.

très bien tourné cette phrase !!!!

MY WAY

Venezia
Canal tordu
Un pont aux arches de marbre
Jeté par-dessus
Dans les campi, rabougris, des arbres
Du passé
Ronchis
Maisons en galets
Le soleil qui tape sur la plaine du Frioul
Seul un peu de frais
A l'ombre de l'église dont les colonnes s'écroulent
Du passé
Piste 1-"My way"
Un air de jazz à la radio
Du passé du passé
La pluie tombe sur le lac
Le vent souffle sur les arbres
Le passé vient le passé passe
Sinatra chante
Le disque tourne
Sur la fenêtre une rigole de pluie
Dessine nos voies
Elles plongent
Dans le passé.
My way.

toujours aussi bien, il n'y a rien à dire ^^

ESTREMADURA

Le soleil se couche
Seul
Sur la plaine
Sereine
Projetant des ombres
Sanglantes
Entre les rochers gris
Endormis.

Un poste émetteur
Bricolé
Crachote du tango
Sensuel
Pour les soldats
Fascistes
Qui campent dans la plaine
Conquérants.

Il y avait ici ce matin
Perdu
Un bataillon hagard
Des rouges
Ils chantaient des hymnes
Vibrants
A leur dernier avoir
L'espoir.

Mais dans leurs palais
Fastueux
Des reichmarshalls des signori
Respectables
On dit que décidemment "non"
Vraiment
La situation était intenable
Anarchique.

Et alors des avions d'acier
Meurtriers
Ont survolé la plaine
Aride
Ils ont tiré sur les rochers
Immuables
Les rouges se sont dispersés
Hagards.

Les automitrailleuses ont tonné
Mécaniques
Les fusils ont craché
Pang!
Le caudillo a crié
Feu!
Les soldats sont tombés
Petits
Ils dorment sur la terre
Douce.

L'Estrémadure région d'Espagne
Sèche
Plantée de villages
Paisibles
S'endort maintenant aux sons
D'un tango
Dormez, les rouges, dormez
Aussi.

Vous êtes les seuls dans ces contrées
Libérées
Par les forces fascistes
Vous êtes les seuls disais-je
Qui étalés sous le soleil - rouge
Dorment paisibles sans rêves
"Acta est fabula"
Vous êtes
Tous
Des hommes
Morts
Libres.

CARNAVAL

Sur Venise rêve froissé
Passent et repassent flous déjà
Les songes charmeurs du passé
Devant de blancs pulcinella.

Tout se créée, tout se perd ici
Statues sous l’envol des pigeons
Autant que les vieux doges qui
Soufflent à leur mort : « désillusion ».

Parfois, perdu, un voyageur
Sent qu’une insoupçonnable flamme
Trouble et fait vaciller son cœur
En croisant les yeux d’une femme,

Ou bien ce sont des comédiens,
Pantins d’un joyeux Goldoni
Qui s’injurient et s’aiment sans fin
Devant la mer bleue infinie

Arlequin déçu rit à peine ;
Sur l’eau azure d’un canal,
Les arcades marmoréennes
Les masques noirs du carnaval,

Partout s’étalent les doux miasmes
Des passions style Renaissance
S’éteignant, baroques fantasmes,
Entre les tentures garance

Tournent les souvenirs moisis
Les voluptés à l’air perdues
Les valses de sons cramoisis
Les tombeaux des temps disparus

Du rêve, du rêve ô Venise
Ville illusoire et mensongère
Vois, tes pierres s’unissent en guise
D’amours aux couleurs de l’hiver

Referme-toi, oui, cache-toi
Dans le dédale obscur de tes rues
Fuis le réel si triste et froid
Tâte les fonds de l’inconnu

Continue, Venise lascive
Dans ton brouillard perlacé, lourd
A m’écouter gémir : « Venise !
Mens-moi encore, où part l’amour ? »

j'aime beaucoup le 1er, le 2eme et le dernier de tes poèmes...
mais les autres aussi

8/05/45-NUREMBERG

L'ombre ténue
Se pose
Aile légère
Sur les marbres délavés
Du passé

Il est de ces choses
Que l'on cache,
De ces cris étouffés
Que l'on recouvre
D'un voile d'oubli.

Que de secrets
De vérités genantes
Enfouis profondément
Au fond des limbes angoissants
De l'esprit!

Peut-être parfois
Réticents
Mais sevères
Faudrait-il se scruter,
Faire l'examen des peuples

Déblayer les ruines
Aux poses archaiques
Qui dissimulent
L'affre d'un gemissement
La force d'un discours

Oui, sortir de leur cloaque
Les miliciens
Le docteur Mengele
Tant d'autres Fausts obscurs
Au sourire lascif
Présage de souffrance.

Les ailes d'airain
Se referment
Sur nos désirs trépassés
Nos haines épuisées.
Ad profundis.

Bewilderingly

INDOCHINE

Les frondaisons humides et verdâtres s'abattent
Avec des claquements mouillés de végétal
Sur le jonc tressé et le bois noir des charettes;
Dans le sous-bois, les cris rauques d'un animal.
Partout un bourdonnement incessant d'insectes,
Colonnes de brume sur les fleurs luxuriantes,
- Sous les bottes, cuir brun, des nappes d'eau infecte -
Nuées nacrées sur la torpeur omniprésente
Des arbres, des lianes, le bambou exotique,
Ainsi s'épanouit l'âpre forêt birmane
Ainsi sont le Siam, l'Annam, terres aux noms magiques.
Figure-toi, occidental au teint diaphane,
La jungle s'étendant sur des milles et des milles
Recouvrant les ruines de peuplades archaiques
Les bouddhas de pierre s'effritant loin des villes,
Asiates au parler rapide, illusion épique,
Pagodes d'or et pourpre, sabres brisés,
Célestes mandarins et écumeurs des mers,
Images d'Orients lointains aux couleurs figées,
Dis-toi, en songeant à ces tropiques déserts:
Que de rêveurs égarés dans l'univers enfantin et trépassé
Des romans de Jules Verne et Conrad!

ADIEU MON REVE

Adieu ma belle
Ce fut bien beau de vous aimer
Adieu ma belle
Mais le silence m'est par trop pénible
Et regarder sans toucher
C'est bon pour les Vénus de marbre

Adieu ma belle
Il n'y a pas de justice sur cette terre
Adieu ma belle
Qu'est-ce que je n'aurais pas fait
Pour un tressaillement de vos lèvres fines
Pour un mot qui soit un peu plus doux

Adieu ma belle
Après tout que vaut l'amour
Adieu ma belle
Je me suis trompé sans doute
Nos cœurs l'un pour l'autre n'étaient faits

Adieu tes beaux cheveux
Adieu tes yeux brillants
Adieux tes rudes manières
Adieu mon amour
Chacun pour soi c'est mieux!

Très Jolis,
j'aime bien ta référence aux statues de Vénus

PETITE PROSE DE LA LUMIERE QUI S'ETEINT

On a allumé une fois une bougie
Dans l'église grande sombre on le sait
Ma grand-mère a glissé une pièce qui brillait un peu
Dans le tronc si lisse et carré
Et alors on a eu droit à dissiper les ténèbres.
Moi j'étais petit et de mon regard
Niais d'enfant
Je ne voyais pas le ciel au delà des pilastres immenses
Mais il y avait la bougie
Et sa flamme tremblante qui semblait aussi
Avoir un peu peur de tous ces grands silencieux:
Les adultes, les icônes et Lui aussi.
Me penchant sur sa chaleur diffuse
Je n'en revenais pas
Il semblait que la cire déjà fondue en une petite flaque invisible
Prenait feu tout d'un coup
Et de haut vraiment
Vous l'auriez prise la bougie
Pour un petit astre doré
Alors j'ai éternué
Et les grands se sont retourné sur le méfait
La lumière tuée.

C'est gentil, comme histoire, quoique tes vers libres soient parfois un peu confus...il n'y aurait pas trop d'adjectifs? sans vouloir être indiscréte, est-ce une "histoire vraie"?

Trop mignon.
J'aime beaucoup l'image de l'étoile
Je ne sais pas si c'est toujours comme ça pour tout le monde quand tu entres dans une église, mais moi je m'y sens vraiment bien. Pourtant ça doit être un peu bizarre

Il n'y a que trois endroits au monde où je me sente en paix: dans les champs, en Italie; en montagne, pourvu qu'il y ait quelques arbres pour masquer le ciel; et dans les églises, pour peu qu'elles ne soient chargées de monde - et encore, il m'est rarement arrivé de visiter des églises connaissant une affluence particulière.

c'est vrai que la montagne aspirent à être calme et apaisé... même quand c'est pas une poésie on dirait des vers trotsky...

Le Nouveau Monde

Les trusts s'affairent, on dirait qu'ils font des affaires
Voyez! Que leurs armes luisent et leurs yeux reluisent!
Tout d'actions bariolés ils traversent la mer:
Ils déclarent accomplir une noble entreprise

A leurs yeux comparait l'horizon tropical
La douceur des Cubains sous leur fouet disparait
Les jours s'usent à l'ombre des palmes du mal
Mais qu'importe si l'on meurt au nom du progrès!

L'étendard du dollar claque sur les Antilles
Et si râle l'Indien on lui hausse les prix:
Rouge, reste tranquille, la CIA veille.

De son plumage d'emprunt la bananera
Se pavane ignorant la chanson du réveil:
On chuchote dans l'ombre "Viva Guevara"...