Poèsies-Trotsky

J'avais en fait préparé une belle introduction mais j'ai fait une bêtise avec l'ordinateur et j'ai tout effacé; je vais donc me limiter à reformuler les deux questions qui m'étaient venues à l'esprit:
-Ai-je envoyé mes textes au bon endroit?
-Y a-t-il encore quelqu'un sur ce forum ou est-il devenu un "forum-fantôme"?

C'est très prosaïque mais c'est ça.
Ce sont deux bien petits textes que j'envoie, d'un esprit approchant de celui qui anime les "petits poèmes en prose" de Baudelaire...j'espère qu'ils ne sont pas trop mauvais!


VENEZIA

Venise...silhouette des clochers dans la brume matinale...
Venise...rues tortueuses plongeant au sein de la ville...
Venise...plénitude de l'âme née de la contemplation des profondes eaux bleues...
Venise, rêve des journées tristes,
Photographie mêlant la joie et la douleur des souvenirs qu'elle réveille,
Pétales de glycine flottant sur l'ombre d'un pont, Venise!
Ah, le reflet de tes yeux sur l'azur du Canal Grande,
Improbable songe d'un jour de printemps!

LE GENERAL

De Gaulle
Amant fidèle de sa patrie la France
De Gaulle
Homme dressé devant le futur inconnu
De Gaulle
Voix d'espérance brisant l'adversité
De Gaulle
Seul parmi les républiques qui passent et trépassent
De Gaulle
Qui regarde en avant alors que le Monde cherche le passé
Habité par un Destin plus grand que lui
Charles de Gaulle, être humain,
Que ne reviens-tu prêcher l'Espoir
A ceux qui attendent le dénouement de l'Histoire!

J'essaye cette fois-ci avec un sonnet en alexandrins, sans rimes parce qu'elles dénaturent le sens des vers si l'on n'est pas des as en poésie (tout comme le décompte des vers, vive le "spleen de Paris", Baudelaire et les poèmes en prose!)

UNE LUEUR DANS LA NUIT

Le cœur flottant entre des dilemmes déchirants
Nous errons tous perdus dans ce monde d'illusions
A la poursuite d'idées peut-être trop nobles, belles,
Pour l'infime étincelle de notre faible esprit

Nous sommes une lueur qui meurt dans le noir
La nuit engloutit dans son vide nos efforts
Nous nous entretuons pour des châteaux de sable
Qui s'écroulent sous le vainqueur comme un mauvais rêve

Mais une étincelle brille pour faible qu'elle soit
Une étincelle, c'est une bribe du feu
Une étincelle, c'est un amour qui nous touche encore

Nos vies s'enchaînent comme les lettres d'un livre
Noires marques gravées sur l'étoffe des songes.
A l'aube, le Destin dévoilera la Fin.

Très joli

On a beaucoup discuté de la question de l'immigration ou de la tragédie afghane. J'ai pour ma part lu ce beau livre de J. Kessel qu'est "Les cavaliers", sorte d'épopée chevaleresque moderne se développant en Afghanistan lorsqu'il y avait encore un roi là-bas, et ai tenté de comprendre la compliquée situation de ces régions (dure tâche), l'ancienne Bactriane restant un mystère pour moi comme pour Gino Strada (auteur lui aussi d'un texte intéressant sur l'Afghanistan).
Voyons donc ces impressions de lecture:

L'ORIENT

Tchador moucharabié
Sombres voiles dévoilant les songes passés
Soleil penché sur les caravanes attardées
Rêves de prophètes au bord de nouveaux sentiers

Kaboul Islamabad
Villes assoupies de l'Islam tant cherché
Longs brames des chameaux dans la nuit étoilée
Sommeil immobile du peuple nomade

O femmes oubliées des montagnes afghanes
Vieillards enturbannés de sages mots
Guerriers ployant sous les armures lourdes

Esclaves de règlements sans plus de sens
Le sable doré efface sans cesse
Les contes infinis de vos douces cithares
.

tres joli ^^

100% de "très joli" en commentaire, c'est flatteur. Ne continuez pas à me gâter ainsi ou mon ego terminera d'enfler à des proportions qui à priori ne seront plus mesurables.

C'est vrai audrey! Arrêtons de le flatter et concentrons nous sur nos oeuvres. Il nous prendra peut-être plus au sérieux.

Oui, si ça continue je deviendrai sûrement aussi misogyne et machiste- ce que je ne suis pas encore, bien que je puisse me permettre de rire lorsque certaines de mes connaissances prétendent que les femmes ne peuvent pas gouverner parce qu'elles doivent s'occuper de leurs enfant et les papas ne peuvent leur dispenser l'amour maternel. Sincèrement, comme rhétorique c'est aussi bête que ridicule, heureusement ça ne fait pas de mal. Tiens, c'est la journée de la femme aujourd'hui. Et au fait, ce n'est pas vrai que je ne prends pas vos oeuvres au sérieux!

Là je me suis peut-être un peu dépêché (fautes de frappe! fautes de frappe) mais j'ai eu l'inspiration en lisant un poème de Prévert.

A L'ECOLE

Le professeur dicte la leçon
C'est son travail, au professeur
L'élève note la leçon
C'est son travail, à l'élève
Le professeur est debout
L'élève est assis
Ce sont leurs rôles, à tous deux
Le temps passe l'élève grandit
Le professeur vieillit
Ils attendent ensemble à l'orée des chemins
Que vienne la fin des classes
Puis quand elle vient ils se quittent
Ils ne s'en veulent pas, l'élève et le professeur
Le professeur a d'autres élèves
L'élève a d'autres professeurs
C'est la vie au professeur et à l'élève
Quand vient le moment de débarrasser le plancher
Il a fait du chemin, le professeur
Il a du chemin a faire, l'élève
Devant comme derrière
On ne voit que de la brume
Et une lueur aux coins des rues
Ils en ont fait du chemin
c'est parce que la boucle s'est fermée
Le professeur dicte la leçon
C'est son travail, au professeur
L'élève note la leçon
C'est son travail, à l'élève
Ils attendent la fin de la fin
Le début du début
Le cercle quelqu'un l'a commencé
C'est normal
Mais personne ne le finit.

c'est bien (j'ai pas dis que c'était joli ^^)
je me demande d'où tu as le temps pour le faire et où tu trouves l'inspiration
et je suis totalement d'accord avec tes messages précédents moi je dis: "à bas les machistes, misogynes (pardon pour l'orthographe si elle est incorrect)et autres ...."

je ne dirai pas que tu es extrémiste parce que je pense que tu ne le penses pas sérieusement.

Pour ce que tu as fait trotsky ....... c'est tout simplement magnifique et tellement vrai. Tu as vraiment du talent pour ça.

Je l'ai relu des dizaines de fois et plus je le lis, plus je l'aime.

Moi? Extrémiste? Comment donc? Il n'existe rien de plus banal et terre-à-terre que l'extrémisme, de quelque cause qu'il salisse la noblesse (à supposer déjà qu'il y en ait, de la noblesse). Non, non, le poète doit jouer sur les nuances, saisir l'immatérialité du rêve- et la laisser repartir aussitôt. Je sais que j'ai la manie des exemples, qui malgré leur force appauvrissent parfois les bonds de l'âme, mais à ce sujet- c'est à dire la tâche de l'écrivain- il faudrait lire les "Lettres à un jeune poète" (en édition français/allemand?) de Rilke, dont est appréciable la naïveté, la douceur et l'esprit qui affleure partout à la surface des mots. Petite précision: là, malgré la confusion dûe à l'improvisation, je ne fais ni du lyrisme ni de l'hyperbole mais je définis le genre.

a oki

Allez, je passe de l'histoire à la géographie pour changer:

LA-BAS

Vivre, courir, ne pas voir
Ne pas vouloir voir
Les siècles s'écroulant autour de nous
Le temps happé dans le vide au creux de sa course
Muets sourds aveugles
La misère dans le Sud
L'eau croupie les masures
Cruellement disséqués sur les livres d'écoles
Pour que l'on en dise au sortir des cours
Quel ennui c'est lointain
Je ris j'écris je mange
Là-bas la faim tue
Là-bas les mouches bourdonnent
Sur les casques des GI
Les mitrailleuses des rebelles
Les rêves des enfants
Là-bas ils aiment aussi et espèrent
Meurent pour nous hanter encore
Eux les témoins malheureux
De l'illusion mondiale
Tous plongés dans l'Enfer
De l'IDH inférieur à zéro cinq
Des taux d'inalphabétisme supérieurs
De l'absence de données
Cherchant sans aide la sortie de la nuit

C'est dans la mort lointains camarades
Que nous serons tous égaux.

On dirait qu'aujourd'hui les doigts me démangent (il faut que j'écrive!) donc je rajoute une poésie, en prose, qui vous rappellera peut-être des souvenirs (ah, les fiches G1, G2...):

TERRA INCOGNITA

C'est vrai: il est des pays où la parole s'envole et l'intellect est libre.
C'est vrai, il est des pays où l'or éclatant jaillit des âmes en fusion et tourbillonne dans l'espace infini.
C'est vrai, il est des pays où le message parcourt le vent et rejoint l'oreille aimée; où le vol des oiseaux trace le chemin de la folie raisonnable qui est tout et qui n'est rien.
C'est vrai, il est des couleurs invisibles, des sons aériens, des valses de larmes de lumière, et ces larmes sont heureuses.
La pensée triomphe, le doute vacille, une fontaine de joie va vers la mer et s'estompe dans une sublime plénitude. Ce sont des pays où les bâtiments ne vont pas sans avoir des voiles d'espoir, des cordages d'amitié et une coque d'étoiles.
C'est vrai, tout ceci n'est pas un rêve, mais l'apothéose d'un monde nouveau et insoupçonné.

(Avec le recul je trouve que certains passages et métaphores approchent de la logorrhée verbale, ou sont plutôt étranges ou illogiques ou pas superbes, mais bon il y a quand même quelques points intéressants, du moins j'espère)

oui tu sais moi j'aurais sérieusement à faire des cours de poésie !!!! je serais jamais capable d'écrire un truc pareil !!!

Ce n'est pas vrai, il ne faut pas de cours pour écrire des poèmes, juste connaitre les bases (décompte des syllabes, sonnets...) ce que je ne sais pas faire très bien, franchement, je suis autodidacte. Pourtant on peut s'arranger avec de petites poésies dans le genre de celles de Prévert (Cf. "L'école"-"Familiale"), à la limite en se débarrassent de son humanisme naïf. Bref, à mon avis tous sont des poètes en puissance, mais certains s'enferment plus profondément dans le méandre de leurs illusions.

je pense que tu as raison et en ce qui concerne la poésie, la dernière fois que j'ai lu du Jacques Prévert c'était en CE2 !!!! donc ça remonte à loin mais je ne perds pas espoir !!! je vais y arriver un jour comme on dit mieux vaut tard que jamais !!

Comme quoi tout est poésie...un petit essai satyrique:

WLADIMIR

La Russie
De la neige balaye les ponts
Sur la place serrés bondée
Les visages rouges tendus
Suivent ses mots froids
Le vent des steppes soufflant
Et aussi un avion là-haut au ciel
La Russie
Celle de Stalingrad Borodino
La Russie
Celle des tsar et du tsar rouge
La Russie
Celle de la boue 1914
La Russie
Celle d'"on ferme les vannes et plus de méthane"
La Russie
Celle vers où l'on se tourne
Quand le probléme frappe à nouveau
Combien d'aveugles
D'opprimés de trompés
Les cocus de la politique
Suivent sans savoir le risque
Les paroles froides dans la nuit moscovite?

Je ne le commente pas, m'exprime envers moi. J'éxècre le vautourisme, il ne s'agit donc ici que d'idées en l'air.

SILENCE UNE MINUTE

Ce sont des noms qui partent qui s'effacent
Les noms beaux de l'absence de visage
L'écran de l'irréalisme mondial
La surface où s'inscrit le drame
Les noms oubliés
Qu'on grave sur les pierres
Les pierres chaudes les pierres blanches
Qui poussent au coin des cimetières
Ce sont les noms ignorés
Des minutes de silence
Ce sont les noms cachés
Des enfants disparus
Des enfants assassinés
De la vie assassinée avec la jeunesse
C'est l'accent long et morne des ambulances
L'entrechoc des armes des vigiles
Les discours éplorés des ministres
C'est le sang de la jeunesse qui vibre et qui gronde
Le sang des passions qu'on réveille
C'est la haine de la Mort du danger
L'envie de la sûreté maternelle
C'est un sang dur et noir
Le sang des monstres assoupis
Qu'un écuyer imprudent trouble
Le sang qu'on verse en France
En Iran Afghanistan Timor des pays
Le sang qu'on verse sans raison
Des jeunes des vieux des différents
Est un élixir de rage et pitié concentrés
Qui retombe sur le silence.

très touchant ^^

Assez confus par moments.

peut être mais bon .... ça reste quand même touchant !!!!

Une journée passé seul à travailler de 13 heures à maintenant sur le concours de la résistance...comment redécouvrir les GIs en '45 les morts squelettiques et Auschwitz...que cela laisse au moins une trace ! A votre avis :

TREBLINKA LIBERA

Ils sont dix mille
Mille de milliers
Là-haut dans les nuages
Libres cohortes
Alignement impitoyable
De regards hâves et usés
Teints cireux
Traits tirés affaissés
Côte saillantes
Des centaines de Rédempteurs crucifiés
Gardant dans la dernière lueur d'espoir
Perdue au fond de ces yeux morts
Toute leur humanité
Ils sont encore nombreux,
En bas, derrière les miradors,
Les barbelés électrifiés les patrouilles
Ils sont encore nombreux
Les pendus au cri prophétique
Les étouffés des chambres à gaz
Mais là-haut dans le ciel
Dans la fumée des Krematorium
Ils sont dix mille
Milliers d'enfants d'hommes et de femmes
Des Jean, des Stanislas, des Agnieszka
Ils sont libres
Là-haut dans le ciel gris de Pologne.

Pfff...ça finit par me déprimer, en fait, ce genre de poèmes. Quoiqu'il n'y ait que cela de vrai... J'en fait trop récemment. Je verrais pour changer, la prochaine fois !