Du reflet des arbres dans une flaque d'eau
Il a plu toute la nuit. On était presque endormi, lumière à peine éteinte, quand on a entendu les gouttes de pluie s'abattre contre la fenêtre. Avec un sourire voilé, déjà à moitié effacé par le sommeil, on s'est replongés dans un néant apaisant. Supposons qu'il n'y ait pas eu école le lendemain, et qu'on se soit juste levés pour le plaisir égoïste d'aller prendre une baguette chez le boulanger. On le sait, quand on arrive les premiers, ou presque, le pain est encore tout chaud, et la mie à l'intérieur semble un nuage, un nuage de ceux que l'on imagine enfant comme des grands coussins moelleux, tant elle est légère et douce. Alors que l'on retourne chez soi, grignotant le croûton sans se soucier des récriminations qui suivront ("oh! Elle l'a mangé la première! Maman! C'est pas juste!"), a ce moment là donc, on contourne une grande flaque d'eau gisant sur le pavé, corps gracile de l'orage. Dans la flaque d'eau, il y a des nuages; il y a aussi un morceau de ciel, des arbres, et si on se penche un peu, un passant avec une baguette. Le passant imite chacun de nos gestes. Ce qui est drôle, c'est que tout semble en noir et blanc, de l'autre côté! Moi, je me suis demandé: et si en fait, il y avait une personne de l'autre côté? Banal, jusqu'ici...mais réponde qui peut: qu'adviendrait-il si il partait de dessus la flaque le premier?