Divagations sur ma personne

S'il fallait donner deux mots sérieux et cohérents sur moi, je me retrouverais franchement embarrassé; je vais me limiter donc à un petit délire verbal oulipien.

19 ans, c’est mon âge ; celui idéal dirais-je, hélas bien vite passé ! Car en grandissant on voit plus nettement passer le temps, et on le sent qui coule comme l’eau vive sous les ponts. On a passé les 18 ans, et les folies de la majorité enfin atteinte ; on n’en est pas encore aux désillusions de la vingtaine et du passage dans « la cour des grands ».
Littéraire, certes, mais peu écrivaine ; s’il y a bien une admiratrice de Françoise Sagan, elle est ici présente, et je me fais un plaisir de décréter toute mon existence passée et future absurde. Comment y remédier ? Peut-être en laissant une trace, un gribouillis quelque part sur la surface bosselée de l’histoire, pour infime que soit cette marque : un poème, des initiales gravées sur un banc…l’amour, je ne l’ai jamais connu, mais ça semble amusant ; encore faut-il savoir lui donner ses lettres de noblesse.
Ah : n’oublions pas un petit penchant bête pour le romantisme et le sentimentalisme ; car quand même, il faut être assez cruche pour pleurer sur la mort de Sorel, au bout de ce pavé qu’est Le rouge et le noir ; bah ! Je ne me fais pas d’hypocrisie : je n’ai pas encore des connaissances littéraires particulièrement intelligentes ou raisonnées ; mais pour être rationnel, ne faut-il pas attendre encore quelques années ? Et cela vaut-il réellement la peine ? J’ai peur d’être raisonnable, car alors je serais passée, insensiblement, dans une autre phase de la vie humaine.
Je termine avec mes habituelles récriminations contre ce terriblement laid prénom qu'on m'a affublé, à savoir Suzanne: vraiment, n'y en avait-il pas d'autre? C'était à la mode en 1900, à l'époque de l'Exposition Universelle de Paris: pourquoi le ressortir si tard? Bon, il faut de tout pour faire un monde...

Oui, c’est une présentation bien vague de ma personne ; oui, c’est plutôt une argumentation très complaisante pour moi-même ; mais que voulez-vous, je m’aime et me porte très bien comme ça. Des adjectifs ? Communarde (vu ma date de naissance, il n’en pouvait être autrement), naïve, hispanophile, doucement folle, égoïste…et très, très attachée à sa personne. Messieurs les écrivains, me voilà !